La langue française regorge de pièges… Et certaines mauvaises formulations circulent en douce.
Parfois, le parlé écorche l’écrit au nom d’un esthétisme auditif douteux non validé par l’Académie française (faut dire qu’ils n’y entendent pas tous très bien…).
Voici quelques expressions qui peuvent vous paraitre moches, mais qui sont correctes, ou au contraire qui vous paraissent logiques mais sont fausses.
Cet article est mis à jour régulièrement suivant les pépites linguistiques qui traversent nos vies.
Après qu’il lui a tout dit
Allez, on commence léger.
Même si « avant que » est suivi du subjonctif, « après que » est toujours suivi de l’indicatif.
Quand on y pense, c’est logique. Si une action arrive après quelque chose…
C’est que c’est arrivé, forcément.
Il n’y a donc plus de doute. Donc, plus besoin du subjonctif.
Film « Ne le dis à personne »
Ensemble, ou avec, mais pas les deux
Mes condoléances.
Malgré les expressions étrangères « together with », « zusammen mit » et « zesumme mat »…
Je suis au regret de vous annoncer que dire « ensemble avec » en français, c’est mort.
À nouveau (on se répète ici) c’est un pléonasme.
Nous préférerons une formulation comme suit :
« Le ministère a lancé cette initiative, associé à la NASA et aux Monster Munch. »
Film « Ensemble, c’est tout »
Comme dirait ma mère
Si vous écrivez « comme par exemple », c’est un pléonasme (donc une faute).
Car « comme » et « par exemple » signifient la même chose.
D’ailleurs, Word vient de me le souligner pour supprimer « par exemple ».
Faites-lui confiance…
Exemple : « Elle a vu plein de films étrangers, comme ceux de Xavier Dolan. »
Film « Mommy »
Une espèce d’écrivain
L’irréductible masculin essaye encore et toujours de gagner du terrain qui ne lui revient pas…
Mesdames et Messieurs (et Autres), le mot « espèce » est et restera (enfin, normalement) féminin.
Il convient donc de toujours l’utiliser ainsi, même accompagné d’un complément masculin.
Film « Monsieur & Madame Adelman »
Malgré tout, elles s’aimèrent
Bien que « bien que » existe, « malgré que » n’existe pas !
Du moins, pas pour la même utilisation.
D’ailleurs, Word est encore mon ami et me souligne « malgré » pour le remplacer par « bien ».
Il est si sympa, Word.
Bref, sans entrer dans les explications à rallonge de l’utilisation du rare « malgré que »…
Retenez les corrects « bien qu’elle en eût très envie » et « malgré son énorme envie ».
Film « Deux »
Aujourd’hui contient déjà un jour en trop
Mais pourquoi entend-on à foison « au jour d’aujourd’hui » ?
Du latin hoc et die, « hui » signifie « le jour où l’on est ».
L’histoire aurait pu se terminer là, mais non…
L’usage lui ajouta le mot « jour » pour en créer la locution « au jour d’hui » au XIIe siècle.
Transformée en « aujourdui » puis en « aujourd’hui ».
Et c’est là que tout dérapa…
Car « aujourd’hui » signifie littéralement « au jour de ce jour ».
Ce qui sonne déjà, avouons-le, comme un pléonasme (décidément)…
On comprend maintenant pourquoi la formule « au jour d’aujourd’hui »…
… constitue un barbarisme signifiant « au jour au jour de ce jour ».
Ce qui n’est pas très seyant. En résumé, dites plutôt « de nos jours » ou « à ce jour ».
Film « Demain tout commence »
Avoir ou faire du sens, telle est la question
Avoir, encore avoir et toujours « avoir du sens ».
Mais d’où provient cette expression déformée « faire du sens » ?
De l’anglais peut-être, « make sense » ?
Je conçois bien que « make » = « faire », mais il ne faut pas tout traduire littéralement, un peu de bon sens.
Cette curieuse construction n’existe officiellement nulle part, mais peut, au besoin…
Être remplacée par « prendre du sens » !
Film « Le Sens de la fête »